Les maisons troglodytiques de HELLERT

Jusque vers le milieu du 19e siècle, l’habitat troglodytique était courant. Les troglodytes vivaient sous les parois rocheuses qui présentaient de nombreux avantages : l’économie du toit et de la paroi de fond ainsi qu’ une température intérieure constante été comme hiver.
Les rochers du Kühberg étaient habités bien avant la construction des premières maisons de Hellert en 1789. En 1872, on dénombre 38 personnes vivant sous les rochers, en marge de la société prussienne. Pour les obliger à habiter les villages, l’Administration des Forêts fait sauter, en 1894, les cavernes situées sur son domaine. Seules subsistent 3 habitations situées sur des terrains privés. Les deux maisons du Falkenfels en font partie.

Elles étaient habitées, l’une par un couple (le « Felsenmartin » et sa femme), l’autre par un homme particulièrement intéressant : un ermite qu’on appelait Himbeer. Elle est signalée par un petit panneau portant les mots « Einsiedelei von Edouard Himbeer ». Qui était l’ermite du Falkenfels?

La population et les documents des Eaux et Forêts de Dabo l’ont surnommé « Waldbruder » (frère de la forêt). Mais personne n’a jamais réussi à percer le mystère de son origine.

Au milieu du 19e siècle, il est apparu un beau jour au pays de Dabo. Il s’est installé dans la « Schanzkammer », une petite mais belle caverne, d’accès difficile et dangereux, sur un flanc de la Haute-Vallée de la Zorn. L’imagination fertile des montagnards a créé des légendes à son sujet. Petit enfant, il aurait été abandonné à Harreberg et découvert dans les framboisiers puis élevé par des personnes du village sous le nom de Himber (de Himbeeren : framboises). Ou bien, il se serait enfui d’un pays étranger pour une raison grave, probablement de Suisse à cause de son accent aux consonnances helvétiques. Mais le défunt chanoine Joseph Schwaller, professeur à Bitche et originaire de Harreberg, qui a rendu visite à l’ermite au Falkenfels vers 1900, écrit : »Edouard Himber était originaire de Barr en Alsace.

Il quitta son pays natal pour des regrettables raisons de désunion familiale. » Cependant, nulle part on n’a pu trouver de trace d’un Edouard Himber. Il ne resta que quelques années dans la Schanzkammer de Harrreberg puis alla rejoindre les troglodytes du Kuhberg-Hellert.

En 1894, les habitants des rochers ayant quitté leur refuge, Himber a également déménagé pour s’établir jusqu’à sa mort au « Falkenfels ».

L’aménagement de sa cabane est alors très modeste : une paillasse, un poêle branlant, une chaise. Himber est très croyant. Il assiste à toutes les messes et actionne le soufflet de l’orgue de Schaeferhof. Il parcourt presque chaque jour, en priant, la forêt du Falkenberg. Il sculpte dans le bois des Christ et des croix, et même des cannes avec les 14 stations du chemin de croix. Ses sculptures sont très demandées.

Edouard Himber meurt dans sa maison du Falkenfels en 1902.

LA MAISON DU « FELSENMARTIN »
Les voisins de Himber sont le « Felsenmartin », ancien militaire et sa femme, la « Felsekath ». Ils habitent une cabane, moins misérable, sous le rocher et élèvent quelques bêtes et des abeilles. Ils aident beaucoup le vieil ermite pendant ses dernières années. Fin mars 1902, deux heures avant le décès du « Waldbruder », Martin a soudain une vision de l’ermite et un mauvais pressentiment. Il réveille sa femme et lui demande de l’accompagner auprès de leur voisin. Il lui dit : « Je crois qu’il est mort, je l’ai vu se tenant debout
devant moi.

 » C’était pendant la semaine sainte de l’année 1902″

Ces maisons troglodytiques ont été restaurées en 1993 et 1995 grâce aux efforts conjugués de la Commune et de l’Office de Tourisme de Dabo ainsi que du Conseil Général de la Moselle à travers l’opération Eden et le personnel en cours de réinsertion dirigé par Achille Lambour.